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« Nous devons parvenir à orienter le consommateur vers des comportements durables et des produits locaux »

Interview proposée en collaboration avec Vincent Panneels, 20/CENT Retail.

À la suite des élections législatives de juin, il nous semblait intéressant de prendre connaissance des attentes de certains acteurs par rapport aux nouveaux gouvernements. C’est pourquoi nous avons interrogé quelques organismes et fédérations pour nous partager leurs avis, priorités et perspectives. Découvrez le premier entretien de cette série, avec Philippe Mattart, Directeur Général de l’APAQ-W.

Avez-vous des attentes en vue de la nouvelle législature ?

Tout d’abord, précisons que l’APAQ-W est une administration au service du gouvernement. A ce titre, son rôle est de faire des recommandations et d’attirer l’attention sur certains points de vigilance, notamment les budgets et les moyens existants. Nous nous attendons à ce que ces budgets soient peut-être moins importants dans un avenir proche et notre approche, en conséquence, est d’encourager une logique usager en nous posant la question : comment exercer notre rôle et au travers de quels outils ? C’est d’ailleurs l’objet de notre Position Paper, un document dans lequel nous listons un certain nombre de points d’attention.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu de votre Position Paper ?

Nous sommes conscients d’être dans un écosystème à plusieurs dimensions : économiques, environnementales, sociétales, etc. Et nous devons écouter cet écosystème. Dans notre document Position Paper, nous pointons quelques grandes tendances ou megatrends impossibles à contourner : par exemple, la durabilité ou encore la digitalisation. C’est donc avec cette étude documentaire nécessaire que nous pouvons nous positionner.
Ensuite, nous nous sommes interrogés sur nos priorités pour remplir nos missions de service public. Avec les autres organismes, on ne peut pas chacun tirer en ordre dispersé, mettre en oeuvre des projets chacun de notre côté.  Ce serait là un vrai gaspillage de moyens si d’autres organismes parapublics faisaient la même chose. Nous devons mener des politiques convergentes, aligner les stratégies avec d’autres opérateurs.

En allant plus en détails et peut-être en citant quelques exemples, quels sont les rôles que l’APAQ-W peut jouer ?

En fait, on attend de nous une expertise et une maitrise des connaissances des marchés. Nous avons notre observatoire qui joue ce rôle et auquel d’autres entreprises font aussi appel.
On attend de nous également des outils d’animation du marché. Nous avons d’ailleurs souvent travaillé par le biais de campagnes de promotion. Mais nous souhaitons des outils pérennes. Une campagne a une durée définie et quand elle prend fin, il en faut une autre.
Avec des moyens et des budgets qui diminuent parfois, nous avons développé dernièrement des plateformes qui ne sont pas soumises à une limite dans le temps : la plateforme Jecuisinelocal.be pour le B2C et la plateforme jecliquelocal.be pour le B2B. Ces plateformes d’informations et même de matching entre offre et demande, vont continuer à être développées.
Enfin, nous avons des réseaux qui créent de la valeur. Nous organisons des animations qui permettent à des producteurs locaux de venir en magasin présenter leurs produits, etc.

Et qu’en est-il des engagements à prendre au niveau de la production et de la distribution ?

Nous avons proposé au gouvernement de regarder comment les aides d’Etat sont valorisées au niveau européen et de veiller à ce que les balises européennes ne soient pas contreproductives en empêchant les Etats de développer leurs marchés locaux.
Nous souhaitons également une approche économique et sociétale de l’agriculture locale. Plutôt que de se dire que demain, il n’y aura que des circuits courts, il faut se dire que demain, il y aura des offres inclusives. Cette approche inclusive des opérateurs économiques présents dans la chaîne de valeur nous semble essentielle. 
Le secteur de la production agricole doit également innover, à travers la création d’avantages concurrentiels. Il y a la différentiation mais on ne va pas se développer uniquement par celle-ci. Pensons au Label Rouge, côté français, bien connu et salué pour les chiffres d’affaires qu’il connait. En Wallonie, il existe plusieurs labels qui ne sont pas assez connus des consommateurs. Il faut donc continuer de montrer que des produits avec des labels différentiés et des cahiers des charges sérieux existent aussi chez nous.

Et d’une manière générale, il est important d’évoluer vers des modèles d’économies comportementales. Nous devons parvenir à orienter le consommateur vers des comportements durables et des produits locaux, tout en respectant son pouvoir d’achat. Concrètement : il nous faut expliquer quel est le bénéfice des achats locaux et sensibiliser au fait qu’il n’est pas plus cher de consommer local ou bio. Le consommateur doit comprendre que ce comportement est bon pour la société.

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